dimanche 17 juin 2018

CORENTIN

Type :  lougre à trois mâts.


Gréement :  Mâts en bois, en une seule partie ; le grand mât a une forte quête vers  l'arrière. Seul le grand mât peut porter un hunier. Bouts-dehors avant et arrière, relevables pour faciliter les manœuvres au port. Les vergues restent hautes en usage normal et les voiles se carguent contre les vergues et les mâts.


 Les voiles sont aujourd'hui en une seule pièce et munies de bandes de ris. Au début (sur la photo ci-dessous, prise à Douarnenez 1996)  la grand-voile et la misaine étaient plus petites, et on rajoutait des "bonnettes" sous la bordure  pour augmenter leur surface

Matériaux : coque, pont et espars en bois (coque en chêne)

Date et lieu de lancement : 1990 sur le terre-plein de Locmaria, à Quimper (Finistère)
Autres noms : Aucun, mais le lougre ayant servi de modèle s'appelait L'aimable Irma .
Utilisation initiale : voilier de croisière et de sorties à la journée (réplique)
L'aimable Irma  était un caboteur du milieu du dix-neuvième siècle.
Dernière nationalité connue : Française.
Dernier port d'attache connu : Quimper ; mais le bateau est généralement basé à Concarneau
Dernière utilisation connue : Voilier de croisière et de promenades.

   Signification du nom : Corentin est le saint patron de la ville de Quimper , ou Kemper en Breton : la cathédrale porte son nom. ; la ville s'appelait Quimper-Corentin jusqu'au dix-huitième siècle. 
   Premier évêque de Kemper, au quatrième siècle, c'est un des sept saints fondateurs de Bretagne. C'était le "conseiller " du roi Gradlon. Il est célèbre, notamment, pour avoir élevé un poisson auquel il prélevait un morceau chaque jour ; ce morceau, qui le nourrissait miraculeusement, repoussait. Autre miracle, il aurait sauvé le roi Gradlon lors de la submersion de la ville d'Ys.
    Il existe aussi une chapelle Saint-Corentin à l'ile de Sein ; elle a été chantée par Louis Capart dans sa célèbre "Marie-Jeanne-Gabrielle". Mais la statue du saint a été volée. Elle faisait la pluie et le beau temps : les pêcheurs de l'île tournaient la statue pour faire changer de direction au vent ; ils la punissaient, quand ils étaient déçus, en la tournant face contre le mur et en la recouvrant de goémon. 
    Le pavillon de tête de mât est celui de Kemper. la couleur d'ensemble est le bleu : Kemper est la ville du pays Glazik (glaz veut dire bleu). Les hermines représentent la Bretagne, et le bélier est l'emblème de la ville.

     
Longueur hors-tout : 30 m
Longueur de la coque : 18  m
Longueur à la flottaison :  14 m.
Largeur maximale :  5,1 m
Tirant d'eau maximal :  2,1m
Tirant d'air :  23 m
Déplacement : 80 t .
Surface maxi de voilure :  266 m².


   État : régulièrement entretenu.

   Avant : Étrave  faiblement inclinée. Long bout-dehors  horizontal relevable



   Arrière : Arcasse + tableau décoré . Le tableau porte le nom du bateau et le nom du port d'attache. Il n'est pas copié sur celui de L'aimable Irma mais sur celui d'un autre lougre, Le Landais. Queue de malet relevable pour l'écoute de tapecul.

 

  
  Coque : Noire, liston blanc
 Superstructures :Rouf jaune caractéristique entre le grand mât et le mât de tapecul.

       Corentin a été construit en plein centre ville de Quimper., sur la cale de Locmaria où il a été lancé. C'est la réplique d'un type de caboteurs du dix-neuvième siècle appelés lougres de l'Odet. Ces bateaux, très nombreux,  étaient réputés rapides et appelés trois-mâts bretons ou trois-mâts fous. Ils transportaient du vin, du blé, du charbon, du bois, des faïences et bien d'autres marchandises : pendant longtemps, le centre ville  de Quimper était un vrai port de mer, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Cependant, Corentin vient souvent hiverner près de la faïencerie Henriot, et il existe encore un port en aval, au Corniguel, surtout fréquenté par des sabliers et des vedettes de promenade. 
     Les ports fréquentés par les lougres quimpérois étaient les ports français (notamment Bordeaux, pour le vin) et espagnols (Bilbao) du golfe de Gascogne ; vers le nord, ils allaient chercher la rogue (œufs de morues, servant à appâter les sardines) jusqu'en Norvège (Bergen).
          Sans atteindre la finesse des bisquines, auxquelles il ressemble par son gréement (3 mâts et voiles au tiers), c'est quand même un bateau élégant et puissant.
         Corentin est utilisé surtout pour des promenades à la journée, au départ de Concarneau, son véritable port d'attache pendant la belle saison ; mais il pratique aussi des croisières de plusieurs jours, vers l'Angleterre ou l'Irlande, ou encore pour aller pêcher les thons aux lignes traînantes ; sur la photo ci-dessous, on voit le lougre descendre l'Aven, entre Pont-Aven et Port-Manec'h ; les tangons, de chaque côté du grand mât, montrent qu'il part pour pêcher les germons dans le golfe de Gascogne.
      Comme d'autres voiliers traditionnels, le bateau a été géré par la compagnie Gouelia, (du breton Goueliad, qui veut dire voile) de Quimper, qui regroupait les différentes associations propriétaires des bateaux. et recevait les demandes de personnes et de groupes voulant embarquer.
     Aujourd'hui, il est géré par les vedettes de l'Odet  et fait surtout des sorties journalières vers l'archipel des Glénan, au départ de Concarneau, durant la belle saison.
     Il participe à de nombreux rassemblements de voiliers anciens, dans toute la Bretagne. Il était en 2014, au rassemblement "Vilaine en fête", et est remonté jusqu'à Redon ; il participait aussi à Temps-fête 2014, à Douarnenez, à Brest et à DZ 2016, à Temps fête 2018, etc.
    L'équipage comprend 3 marins. Il peut embarquer jusqu'à 12 personnes en croisière, 27 pour des promenades de  la journée et 90 pour des réceptions à quai.
     De loin et à contrejour, on pouvait assez facilement confondre Corentin et La belle Angèle, qui fréquente le même secteur de navigation. Le doute sera levé par la couleur des voiles (marron sur la Belle Angèle, blanches sur Corentin) et par la présence d'un rouf caractéristique sur Corentin. Cela ne concerne plus maintenant que des identifications sur des photos anciennes : La Belle Angèle n'existe plus, hélas. Un échouage tragique à la sortie de l'Aber-Wrach, en septembre 2017, suivi de la destruction totale du bateau. naufrage qui a entraîné la mort du patron, tombé à l'eau et repêché trop tard.

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